La GenZ et le travail : se construire avant de réformer la société

La Macif, la Fondation Jean-Jaurès et l’Institut BVA ont interrogé 1 000 jeunes Français, âgés de 18 à 24 ans, sur leur rapport au monde du travail. Les résultats démentent pas mal de clichés sur la GenZ qui nous apparaît sous un jour nouveau, partagée entre pragmatisme et engagement sociétal.   

Pour commencer, nos jeunes se montrent particulièrement réalistes quand on les interroge sur l’entreprise. Les premiers mots qui leur viennent à l’esprit sont « travail » (40%) puis « argent » (14%) et « salaire » (12%). Même s’ils attendent des entreprises qu’elles se montrent utiles pour la société et qu’elles leur permettent de s’épanouir, ils en attendent avant tout un emploi (57%), pour lequel ils seront « bien payés » (43%). Si l’intérêt des missions, l’équilibre et la bonne ambiance viennent juste après, les attentes en termes d’évolution de carrière, d’autonomie ou de responsabilités sont reléguées loin derrière.

Malgré leur réputation de zappeurs, 28% souhaitent rester dans la même entreprise « autant que possible ». Si possible dans une entreprise « locale » (39%), devant une start-up (26%) ou une « entreprise de l’économie sociale et solidaire ». Et loin devant une « entreprise du CAC 40 » (13%). Plutôt sédentaires, ils sont peu tentés par l’étranger (16%) ou un changement de région (14%). En revanche, près d’un quart d’entre eux se verraient bien « créer leur propre entreprise » (27%), ce qui est dans l’air du temps cependant : 25% des français partagent ce souhait selon une enquête OpinionWay de 2018.

Nos jeunes perçoivent leur premier emploi comme la clé de leur indépendance économique ; ils en attendent avant tout de pouvoir « subvenir à leurs besoins » (43%), de « gagner en expérience » (42%) et d’ « accéder à un logement » (28%). Ils craignent cependant que le « manque d’expérience » (53%)  ou le « manque de confiance vis-à-vis des jeunes » (35%) ne constituent les principales difficultés à leur entrée dans la vie active. Il est difficile de les détromper sur ce point tant le marché de l’emploi est difficile d’accès pour les jeunes.

L’enquête révèle aussi leur besoin d’être rassurés et entourés. Cela se retrouve dans les valeurs d’entreprise plébiscitées en premier : « respect, » « confiance », « solidarité » et dans les attentes vis-à-vis de leur collectif de travail : une bonne ambiance (55%), des collègues sur lesquels s’appuyer en cas de difficulté (43%) ou pour progresser (27%), et un manager sachant créer un environnement épanouissant (33%), reconnaître leur travail (31%), les faire progresser (23%) et leur donner confiance (20%).

Bien sûr, l’enquête confirme aussi leur engagement pour les causes environnementales et sociales, un marqueur important de leur génération. Et questionnés sur le point des engagements d’entreprise, ils répondent sans surprise la préservation de l’Environnement (29%), la lutte contre les discriminations (27%) et les inégalités hommes / femmes (25%). Ils nous confirment aussi qu’ils veulent des preuves concrètes d’engagement au-delà des discours de façade, mais comme nous tous finalement.

Car en définitive, ce qui surprend surtout dans cette enquête, c’est le besoin de sécurité de la GenZ. Mais n’est-ce pas compréhensible dans un contexte aussi anxiogène pour faire ses premiers pas dans le monde du travail ? L’urgence écologique, la menace de déclassement social ou l’interminable crise du Covid semblent leur avoir inspiré des ambitions plus pragmatiques que leurs aînés. Ils veulent avant tout trouver un premier emploi stable et justement rémunéré, et être traités avec bienveillance et équité dans l’entreprise. Bien loin en tout cas des postures militantes des figures de proue de leur génération.

Lien vers l'enquête « Les jeunes et l’entreprise », 2021

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