Interview de Lucie MENDES, Présidente de SCALLIANCE, sur FORBES
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En 2022, le marché de l’emploi atteignait un point critique avec moins d’un candidat par poste à pourvoir selon une étude de Golden Bees. Face à cette pénurie de talents, des solutions existent pour continuer à recruter malgré tout. Lucie Mendes, fondatrice du cabinet de recrutement Scalliance, partage son expérience.
S’ADAPTER AUX NOUVEAUX COMPORTEMENTS DES CANDIDATS
Lucie Mendes, selon vous, pour mieux recruter, il faut s’attacher à mieux comprendre les aspirations et comportements des candidats…
L.M. : Oui, les entreprises doivent accepter que les candidats sont dorénavant en position de force. Ils adoptent des comportements de consommateurs avertis et « font leur marché » parmi les opportunités disponibles. Ils comparent les offres, épluchent les avis sur les entreprises ou mettent simplement leur profil à jour sur LinkedIn pour que les recruteurs viennent à eux. Mais la grande nouveauté, c’est qu’au-delà des aspects traditionnels du poste tels que les missions, la localisation et le salaire, ils considèrent désormais de nouveaux critères de décision tels que le bien-être au travail, les engagements en matière de responsabilité sociale et éthique de l’entreprise. Ils abordent également des sujets autrefois tabous dès le premier entretien, comme les horaires de travail, la possibilité de télétravailler ou les avantages sociaux. Des comportements qui déstabilisent parfois les employeurs alors qu’ils sont le signe que le candidat se projette dans l’entreprise en prenant en compte sa globalité !
Vous expliquez que les entreprises, bien que disposant de toute une palette d’outils de recrutement, ont plus que jamais besoin des cabinets.
De plus en plus d’entreprises sont dotées d’équipes de « talent acquisition » très actives sur les réseaux sociaux et les CVthèques en ligne, mais cela ne suffit pas toujours. En tout cas cela nous pousse à nous remettre en question constamment et à perfectionner nos techniques d’approche directe. Notre expertise clé reste l’identification des candidats qui échappent aux filets de nos clients, mais nous nous positionnons également comme des partenaires conseil. C’est la réflexion à l’origine de la création de mon propre cabinet après 15 ans dans les RH en entreprise : par quel type de cabinet aurais-je aimé être accompagnée pour trouver les bons candidats et les convaincre ? Et pour aider mes managers à ajuster leurs attentes au marché ou à faire le bon choix dans une short-list ?
Justement, quel regard portez-vous sur cette expérience de la création de votre propre cabinet, vous ne regrettez jamais votre ancienne vie de RH en entreprise ?
Créer une entreprise est un challenge. Il faut concilier le travail de gestion d’un cabinet et le travail de production en tant que Consultant, et cela prend beaucoup de place dans une vie. Mais je n’ai jamais regretté ce choix, je me sens plus épanouie aujourd’hui, en maîtrise de mon activité et de mon temps. Je trouve aussi que la relation avec les managers pour lesquels je recrute s’est enrichie, et que j’ai même plus de temps pour entretenir des relations long terme avec mes candidats. De plus, je ne me suis pas lancée dans cette aventure seule. Nous avons créé SCALLIANCE en couple avec mon mari, et lui-même m’a associée à la création de son propre cabinet, TECH SEARCH. Il a également une longue expérience du recrutement en entreprise de son côté. Nous nous aidons mutuellement, échangeons sur nos expériences, ce qui nous permet de retrouver l’ambiance d’équipe qui nous aurait beaucoup manquée sans cela.
Mais existe-t-il une forme de concurrence entre vos cabinets ? Entre vous deux, peut-être ?…
Pas du tout ! TECH SEARCH est spécialisée dans les profils techniques et son offre est complémentaire à celle de SCALLIANCE qui traite des postes cadres et managers de tous métiers. Nous partageons nos ressources, les grandes décisions, et les problèmes aussi. La seule difficulté finalement, c’est d’arriver à ne pas parler que de recrutement à la maison !
